Daniel R. Thévenot
Si les habitants du bassin de la Seine utilisent des métaux depuis des siècles, leur usage intensif (zinc, plomb, cuivre, cadmium, mercure, arsenic, nickel notamment) remonte aux XVIIIe et XIXe siècles, lors de la révolution industrielle et du développement de l’agglomération parisienne.
Les premières analyses quantitatives de métaux dans l’eau n’ont cependant été réalisées que dans les années 1970, faute de méthode suffisamment sensible. Depuis 1983, la surveillance systématique du bassin et de l’estuaire a été mise en place et cherche à répondre aux exigences de la loi française et européenne.
Ce fascicule présente le travail de recherche sur les métaux conduit par le Programme multidisciplinaire de recherche sur la Seine et son bassin, dit PIREN-Seine, initié par le CNRS et la Délégation de Bassin en 1989. Il reprend également les données scientifiques recueillies par une dizaine d’organismes ou d’administrations spécialisés. Grâce à l’utilisation de sédiments déposés sur les berges de la Seine, l’évolution de la contamination métallique du bassin a pu être estimée depuis 1935.
On trouvera dans ce fascicule une description méthodique de l’évolution des usages des métaux suivant les époques ainsi qu’une présentation du dispositif de surveillance du bassin et des méthodes employées suivant la nature des échantillons et la forme des métaux recherchés.
Un bilan des flux annuels de métaux sur le bassin de la Seine a permis d’identifier, élément par élément, les sources principales de rejets, tant sur les sols que vers les cours d’eau. L’estimation de l’évolution de ces flux métalliques depuis cinquante ans montre que le pic de pollution a probablement été atteint entre 1960 et 1970. La société n’était alors consciente ni de son importance, ni de sa nocivité, et ne cherchait guère à l’enrayer.
Depuis, le contexte réglementaire est devenu très contraignant.
La Seine, fleuve au débit lent, traversant des sols faiblement érodés et accueillant la forte population de la région parisienne, est structurellement vulnérable à la pollution métallique qu’elle élimine difficilement. Les auteurs suggèrent de nouvelles mesures de surveillance, d’information ou de protection qu’il conviendrait d’adopter.
En effet, la directive cadre européenne sur l’eau nous fait obligation de restaurer le « bon état des milieux aquatiques ». Reste à évaluer ce qu’il est possible de faire, techniquement et en matière de coût économique et social.