S3-6: Accumulation ou déstockage du phosphore ? Des systèmes agricoles aux territoires

Accumulation ou déstockage du phosphore ? Des systèmes agricoles aux territoires

Julia Le Noë1*

1 UMR Metis, UPMC-CNRS-EPHE
* julia.le_noe@upmc.fr

L’étude présentée porte sur la gestion de la fertilisation en phosphore (P) dans les systèmes de grandes cultures. Les gisements fossiles de P sont inégalement répartis à la surface du globe et ces ressources ne sont pas renouvelables à des échelles de temps humains.

La comparaison des effets des pratiques agricoles en agriculture conventionnelle (AC) et biologique (AB) ne montre pas de différence sur  les stocks de phosphore total et disponible dans les sols cultivés du bassin de le Seine. Les bilans en P des fermes (différences entre les apports de P par fertilisation et les sorties par la récolte) sont négatifs à la fois dans les fermes en AC et en AB. Cependant, en raison de rendements plus élevés, ces bilans P sont plus négatifs en AC qu’en AB.  Si ces bilans restent constants, cela entrainera un épuisement progressif des stocks de P disponible dans les sols. L’épuisement total arrivera plus rapidement en AC qu’en AB,  d’ici dix ans pour les AC au bilan P le plus négatif, à 200 ans pour les AB au bilan P le moins négatif.

À l’échelle des territoires agricoles français, les bilans P sont très  hétérogènes. De négatifs pour les régions de production céréalière à très positifs pour les régions d’élevage, les bilans P reflètent l’accumulation ou la diminution des stocks de P dans les terres arables. En Ile-de-France, les apports de P entre 1965 et 1990 sont tels qu’ils constituent des réserves pour des décennies.

Conclusion : Dans les territoires agricoles spécialisés dans la production végétale, les bilans P négatifs sont cohérents avec ceux établis à l’échelle des fermes.  À l’avenir, une gestion durable du P dans les systèmes agricoles pousse à  envisager une reconnexion  culture végétale et élevage et le recyclage des déjections urbaines. Le développement de cette gestion durable du P pourrait ainsi permettre de pallier le recours à la fertilisation minérale, ressource non renouvelable à l’échelle des temps humains.

 

Résumé de la présentation par l'auteure.

Présentation

 

Discussion :

La discussion  a principalement porté sur la question du lien entre les déjections des zones fortement peuplées et les zones agricoles.  Des chercheurs du PIREN-Seine travaillent actuellement sur ce sujet, et l’on sait aujourd’hui que c’est principalement dans les urines que l’on retrouve le plus de P, ce qui pose la question de l’éventuelle séparation à la source des urines et des matières fécales.

 

colloque 2016