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Suivi morphologique et sédimentaire de l’Yonne supérieure suite à la première phase d’arasement du barrage de la Pierre GlissotteLouis GILET11Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1), Laboratoire de Géographie Physique, UMR 8591 CNRS, Meudon
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Araser un barrage est une entreprise complexe qui peut avoir plusieurs objectifs : économique, d’obsolescence des ouvrages, ou encore de restauration écologique. Il existe peu d’exemple aujourd’hui d’arasement de barrage en France, et l’arasement de celui de Pierre Glissotte, sur l’Yonne, constitue un contexte favorable à un suivi scientifique. L’objet de la présentation est ici de faire état de ce suivi amorcé en 2015 avec le début des travaux d’arasement, et de présenter un premier bilan hydromorphologique de l’opération.
Les travaux se sont déroulés en deux phases : une de vidange avec un premier arasement du barrage durant l’été 2015, et une seconde phase d’arasement actuellement en cours.
Dès la première phase d’arasement, une réponse très rapide a été constatée, avec une très forte charge sédimentaire érodée dès les premières semaines qui ont suivi les travaux (9600 m3 soit 23% du remplissage total en amont du barrage), avec pour conséquence un ensablement important en aval de l’ouvrage. Le transport des sédiments a été suivi par des traceurs PIT tag implanté dans certains blocs de granulométrie relativement réduite.
L’érosion sédimentaire s’est stabilisée au printemps 2016 pour reprendre un rythme d’érosion et de transport plus en relation avec le contexte hydromorphologique. La crue de 2016 a d’ailleurs en partie permis de stabiliser le nouveau lit de la rivière. L’activité géomorphologique s’est réduite entre 2016 et 2017 pour finalement atteindre une forme d’équilibre à l’été 2017, avec une revégétalisation progressive des berges.
Le suivi se poursuit à l’heure actuelle pour les travaux de la deuxième phase d’arasement qui a débuté en été 2017.
Résumé de la présentation par l'auteur
Discussion :
Pouvez-vous nous en dire plus sur les traceurs PIT tag et leur technologie ?
Réponse : Il s’agit de petites ampoules que nous insérons dans les cailloux. Ce sont des transpondeurs passifs sans batterie, qui ont donc une espérance de vie assez longue. Il faut par la suite passer avec une antenne qui détecte les PIT tag. Chacun est identifiable individuellement, et on peut donc retrouver de quel traceur il s’agit lorsqu’on le détecte. Ce procédé était à l’origine utilisé pour le suivi biologique, notamment des poissons, mais depuis une dizaine d’année on l’utilise également pour les cailloux.
Avez-vous l’intention pour la deuxième phase de faire un suivi hydraulique, et donc de suivre l’érosion à un niveau plus local, en fonction de la vitesse de l’eau, etc. ?
Oui, c’est actuellement en cours. C’était difficile à faire durant la phase précédente, puisqu’on avait une morphologie en constante évolution, avec des pentes et des largeurs qui pouvaient changer fortement. Maintenant ça devrait être faisable.
Est-ce que vous avez constaté en aval du barrage des modifications écologiques, par exemple au niveau de la flore ?
Je ne travaille pas directement sur les questions de modification écologiques, mais le bureau d’étude qui s’en occupe n’a pas encore sorti son rapport. J’imagine qu’il y a des modifications, mais il faudra attendre la sortie de leur rapport pour le savoir.
On vu qu’à certains endroit, le lit de la rivière avait déjà atteint le socle. De ce fait, qu’est-ce qui est attendu de la deuxième phase d’arasement ?
Nous nous sommes aperçus que là où le lit passe, sur ces blocs durs, il ne s’agissait pas du lit originel de la rivière. L’objectif de cette deuxième phase sera donc aussi de dévier le lit de la rivière pour faire en sorte qu’il retrouve autant que possible son emplacement originel. On retrouvera surement des points durs dans ce nouveau lit, mais probablement à une altitude un peu plus basse.