S. Wurtzer, B. Prévost, M. Goulet, L. Moulin
R2DS, SIAAP, LEESU Ecole des ponts/Paris XII
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2013.vol27
De nombreuses espèces de virus sont présentes dans le milieu hydrique, que ce soit dans les eaux douces ou les eaux marines. Parmi ces virus, un certain nombre d’entre eux sont susceptibles de se répliquer dans le système digestif humain et sont regroupés sous la dénomination de virus entériques. La stabilité des virions aux pH acides favorise le passage de la barrière gastrique et l’infection du tractus intestinal, ouvrant potentiellement la porte à une dissémination à d’autres organes cibles. Ces virus sont essentiellement responsables de gastroentérites ou d’hépatites. Dans de rares cas, des atteintes pléiotropiques peuvent survenir telles que des insuffisances respiratoires ou encore des atteintes neurologiques, cutanées ou oculaires. Toutefois, les infections asymptomatiques et pauci-symptomatiques extrêmement fréquentes conduisent à une très large sous-estimation de ces infections virales et donc des dangers liés à ces agents. Les virus entériques sont l’une des principale cause de maladie hydrique et sont donc des pathogènes à surveiller de près, d’autant plus que leurs doses minimales infectieuses sont généralement inférieures à 50 virus infectieux ingérés. Une personne infectée par un virus entérique excrète dans ses fèces jusqu’à 108 particules virales par gramme de selles. Les virus excrétés dans les selles se retrouvent ainsi dans les eaux usées. Les cours d’eau d’Ile de France (la Seine et la Marne), étant les principaux réceptacles des eaux usées traitées de l’agglomération parisienne, s’en retrouvent directement impactés. Ces virus hydriques sont très résistants dans l’environnement extérieur et leurs génomes peuvent être détectés dans l’eau durant plusieurs mois, voire années pour les virus les plus résistants (Kotwal, 2014). La contamination virale de ces ressources naturelles, utilisées par Eau de Paris pour la production d’eau potable, constitue un challenge à prendre en considération (Gibson, 2014). Bon nombre d’interrogations subsistent à propos de ces virus pathogènes. L’efficacité des filières de potabilisation, notamment lorsque celles-ci sont confrontées à des pics de contamination des eaux de surface, est très peu connue (Abbaszadegan, 2008). Si bien que des cas de contamination virale par le biais du réseau d’eau potable sont sporadiquement rapportés de façon rétrospective (Fongaro, 2013; Haramoto, 2012; Haramoto, 2013; Jack, 2013; Li, 2013; Mattioli, 2014; Vecchia, 2013; Ye, 2012). Mais la distance potentielle et des temps d’incubation parfois relativement longs conduisent vraisemblablement à une large sous-estimation de ces événements.