Historique des zones humides du bassin de la Seine

Auteur.e.s

Claire Poinsot, Karine Berthier, François Boyer, Eliane Fustec

Université

ESNM- Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, Médiévistique Occidentale de Paris, Paris I, UMR SISYPHE Paris VI

Une ébauche de l'emprise spatiale des ordres religieux sur le bassin de la Seine a été initiée, notamment grâce à des études de textes cisterciens et à des prospections sur le terrain. Cette étude permet une nouvelle perception des modifications hydrauliques. La figure 1 indique la localisation des différents établissements religieux. Les conclusions présentées dans ce chapitre ne sont que provisoires. Si certains faits sont établis avec certitude, leur interprétation doit encore s’appuyer sur des travaux d’hydrologie et de climatologie historique. Par ailleurs, il convient dès maintenant de préciser que les transformations du milieu qui apparaissent à travers l’étude des documents cisterciens ne sont pas forcément le fait des moines. En effet toute une partie de leur patrimoine hydraulique, en particulier les moulins, a été acquise auprès de laïcs ou, dans une moindre mesure, auprès d’autres établissements ecclésiastiques. Les chercheurs qui se sont intéressés à la mise en valeur des terres en Europe occidentale du XIe au XIIIe siècles, le temps des grands défrichements, ont surtout insisté sur la mise en valeur des terres forestières et, à un moindre degré, des zones marécageuses littorales ou des basses plaines alluviales des grands fleuves. L’étude des sites cisterciens fait ressortir d’autres réalités concernant la transformation des milieux humides à la suite d’opérations souvent modestes, parfois importantes, mais dont le nombre a modifié à la fois le paysage et les conditions écologiques locales. La recherche de sites disponibles, du "désert", le besoin indispensable d’eau pour la vie du monastère (vie collective et activités économiques) ont conduit les Cisterciens à s’installer souvent à proximité de sources, dans les têtes de vallées de différents cours d’eau qui constituent les bassins de la Seine, de la Saône et de la Meuse. Ainsi en est-il des abbayes de Morimond (Haute-Marne), de Fontenay (Côte D'Or), de Quincy (Yonne), de Trois-Fontaines (Marne), d'Auberive (Haute-Marne), de Bonnefontaine (Ardennes), de Larrivour (Aube) et de Montiers-en-Argonne (Marne) pour ne citer que quelques exemples.