Développement méthodologique d’échantillonnage de contaminants émergents dans l’air ambiant

Auteur.e.s

E. Guigon-Moreau, P. Labadie, C. Dargnat, M-J. Teil, M. Blanchard, M. Chevreuil

Université

LHE – EPHE, UMR Sisyphe 7619, UPMC

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2007.vol10

Au cours des phases III et IV du Programme PIREN-Seine, les travaux sur la contamination de l’atmosphère par les micropolluants organiques, ont montré que ce compartiment jouait un rôle particulièrement important dans le transport à moyenne ou longue distance de nombreux composés organiques semi-volatils. L’introduction de ces composés dans l’air ambiant résulte le plus souvent de sources anthropiques. Leur présence dans l’atmosphère provient d’émissions directes au niveau de sources ponctuelles : incinération, usage de combustibles fossiles, activités industrielles et d’émissions diffuses, au niveau de l’habitat urbain ou de sols contaminés. En Suède, il a été estimé que 91 % des émissions industrielles de phtalates se produisaient vers l’atmosphère, contre moins de 7% seulement par les rejets liquides, la volatilisation de deux composés le dibutyl phtalate (DBP) et le diéthylhexyl phtalate (DEHP), représentant 75% des 200 t émises annuellement (Berndtson, 1982, cité par Thurén and Larsson, 1990). A l’échelle globale, la voie atmosphérique constitue la principale voie de diffusion pour de nombreux composés halogénés appartenant au groupe des polluants organiques persistants (POP) : DDT, hexachlorobenzène, polybromodiphényléthers (BDE) et polychlorobiphényles (PCB). A des échelles plus restreintes comme celle du bassin versant de la Seine, il a été mis en évidence que les transferts atmosphériques de PCB pouvaient constituer une source de contamination des sols plus importante que l’activité d’amendement des sols de culture par épandage de boues urbaines (Blanchard et al., 2007). A cette échelle, ce phénomène peut concerner une très grande diversité de molécules émises lors d’activités industrielles, ou ultérieurement lors de l’utilisation de produits manufacturés. C’est le cas des plastifiants de la famille des phtalates et notamment du DEHP, composé possédant des propriétés oestrogèniques avérées chez l’Homme. Ainsi, les dépôts atmosphériques de DEHP sur le bassin versant de la Seine en 2006 ont été estimés à environ 9400 kg par an, ce qui représente suivant l’année hydrologique, 2 à 4 fois la valeur du flux exporté par la Seine à son exutoire (Dargnat et al., 2007). L’identification de risques environnementaux ou sanitaires liés à la diffusion de composés xénobiotiques implique la réalisation d’études conjointes de la contamination de l’air ambiant et des dépôts atmosphériques. La connaissance de l’évolution de la contamination de l’atmosphère en zones urbaine et rurale, ainsi que celle de la distribution des toxiques entre les phases gazeuse et particulaire permettent de renseigner d’une part, l’origine et l’importance des modes d’émission et d’autre part l’existence de périodes à risque environnemental ou sanitaire plus élevé. La proportion relative des deux phases et leur empreinte chromatographique constituent par ailleurs, un indicateur permettant de hiérarchiser la contribution respective des sources locale ou éloignée.

elodie.guigon@ccr.jussieu.fr