Youcef Bouzidi, Cécile Goiffon, Yann Guéguen, Laurence Lestel & Jean-Marie Mouchel
CREIDD UTT Troyes, CDHT-CNAM, UMR Sisyphe, Paris VI, CEREVE
Lors de la traversée de l'agglomération parisienne, la Seine se charge en éléments traces, sans que l’origine de tels éléments ne soit clairement comprise (Thévenot et al.,1998 et 2002). Depuis une dizaine d’années, le concept de métabolisme industriel a été appliqué à l’analyse de telles situations environnementales (Ayres 2002) : pour retrouver la source des flux conduisant à une dégradation des écosystèmes, il convient d’établir le cycle de vie de ces éléments, c’est-à-dire l'ensemble des flux les concernant depuis leur entrée dans l'espace géographique considéré par voie d'importation, leur transformation en bien d'usage, leur stockage, jusqu'à leur dispersion dans les différents compartiments environnementaux, air, eau, sol ou biomasse. C'est ce travail que nous réalisons actuellement pour le plomb. Après un rappel du schéma général de circulation du plomb en France et de son évolution depuis 1850, allant de son importation sous forme de minerai, sa transformation en produits manufacturés, sa dispersion en milieu urbain selon ses différents usages (tuyaux, câbles, batteries, peintures, verres spéciaux,….) et son devenir environnemental, nous décrirons la manière dont ces données ont été intégrées à un "modèle de régression non linéaire". Le modèle en développement permet d'identifier les données les plus sensibles (qui ont le plus d'influence sur la définition des flux de plomb dans l'anthroposystème) et donc oriente la recherche de données complémentaires vers ces secteurs particuliers. Il constitue l'outil de synthèse indispensable au développement de cette action où de nombreuses données d'origine diverse. A terme il permettra d'identifier les points de stockage du plomb au fil des cent cinquante dernières années et met donc en relief les points de risque de fuites vers l'environnement. Dans une deuxième partie, seront rapportés les résultats des études spécifiques qui ont été menées pour renseigner des activités particulières et mieux cerner les flux de plomb contemporains. Ainsi, le métabolisme du plomb a été établi pour une fonderie de plomb en 1 ère fusion, deux fonderies de 2 ème fusion (recyclage du plomb), une cristallerie, une usine d'incinération d'ordures ménagères… Dans la mesure du possible, ces métabolismes ont été rétrospectifs (5 à 10 ans). Par ailleurs, une base de données des rejets industriels de plomb dans l'hydrosphère du bassin de la Seine dans les trente dernières années a été réalisée.