L’évolution de la qualité des milieux aquatiques dans le bassin de la Seine, en contexte naturel et urbain, est une préoccupation centrale du programme PIREN-Seine. Ceci implique notamment des suivis spatio-temporels de nombreux paramètres physicochimiques et biologiques, à différentes échelles, dans les sols, les eaux de surface et souterraines, l’air et le biote. Ces travaux apportent des bases de données précieuses pour évaluer les effets des changements globaux et guider les usages des ressources, notamment en eau. Elles nous interrogent également sur les mécanismes sous-jacents qui contribuent au fonctionnement des milieux et à leurs réponses aux perturbations.
Au cours de la phase 8 du programme, certains forçages anthropiques et processus ont été choisis pour être particulièrement étudiés car ils étaient encore peu documentés. Ceci a en particulier concerné des contaminants émergents tels que l’antimoine (Sb) et les composés per- et polyfuoroalkylés (PFAS), des compartiments biologiques spécifiques tels que les biofilms aquatiques, ou encore le rôle des réactions radicalaires dans le devenir des polluants organiques, le rôle des particules atmosphériques dans la contamination des retombées atmosphériques ainsi que les impacts des contaminations sur le biote.
Les résultats de ces travaux, présentés de façon synthétique dans ce volume, s’appuient sur des campagnes d’échantillonnage ciblées sur des sites de prélèvement par ailleurs bien caractérisés par l’historique du programme. Ces sites sont ainsi connus pour être représentatifs des zones amont et aval du bassin, et des gradients d’anthropisation urbaines et rurale, caractéristiques du bassin de la Seine. Des moyens analytiques spécifiques ont été mis en oeuvre ou développés pour répondre aux enjeux de recherche que représentent la compréhension fine du fonctionnement des systèmes étudiés, dans leur complexité chimique et biologique, des échelles moléculaires aux échelles macroscopiques. Ceci inclut, entre autres, les outils de la minéralogie, de la chimie de coordination, de la chimie organique et la biologie moléculaire comme les techniques séparatives couplées à la spectroscopie de masse, les microscopies électroniques, les spectroscopies magnétiques ou encore le séquençage génétique. Les informations obtenues ont permis de caractériser finement les processus chimiques et biologiques impliqués dans les mécanismes d’accumulation, de dispersion ou de toxicité de certains polluants émergents. Les changements d’échelles réalisés, qui s’appuient sur des approches de terrain et de laboratoire permettent de replacer, autant que possible, ces processus dans le fonctionnement physique des milieux, notamment au travers de l’influence des fluctuations hydrologiques et climatiques sur les conditions physicochimiques des milieux et leur activité biologique.
Sous la direction d'Elodie Guigon et Guillaume Morin