G. Magandji, E. Personne, E. Moreau-Guigon, C.Bedos , H. Blanchoud
Université Paris Marne la Vallée , INRA Agro Paris’Tech, UMR EGC, EPHE, UMR Sisyphe UPMC-CNRS
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2008.vol23
La prise de conscience du transfert des pesticides vers l’atmosphère est plus récente que celle portant sur les autres voies de transfert dans l’environnement. Depuis les premières analyses de pesticides dans les eaux de pluie, leur présence a été mise en évidence en phase gazeuse dans l’air, dans les particules d’aérosols et dans les brouillards. D’après l’Institut Français de l’Environnement (IFEN, 2008), la contamination de l’air par les produits phytosanitaires est une nouvelle composante de la pollution de l’air. Le caractère récent de cette prise de conscience est dû, en partie, à l’absence de normes sur les pesticides dans l’air, mais aussi à la diversité des molécules actives utilisées et aux difficultés techniques liées à leurs modes de prélèvement et d’analyse. Actuellement, les études de pesticides dans l’air se multiplient et des associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA) ont dressé des listes régionales de molécules à surveiller. Durant l’application ou après le traitement et suivant les conditions météorologiques, de 25 % à 75 % des produits phytosanitaires n’atteint pas la cible prévue et se retrouve dans l’atmosphère, ce taux pouvant même atteindre 90 % (Leistra et al ., 2008). En ce qui concerne les pertes ayant lieu le jour de l’application, les taux de volatilisation sont compris entre 0.1g/ha/h à près de 100 g/ha/h selon le pesticide considéré (Bedos et al., 2002). Les concentrations hebdomadaires maximales dans l’atmosphère sont la plupart du temps inférieures à 100 ng/m3 quelles que soient la nature et la typologie du site. Toutefois, des concentrations allant jusqu’à 305 ng /m3 ont été enregistrées sur des sites ruraux (source IFEN, 2008) voire plus ponctuellement et pour des prélèvements plus courts sur les parcelles traitées. La volatilisation est maintenant prise en compte dans certains modèles, en se basant sur des approches plus ou moins mécanistes. Quand la volatilisation est spécifiquement décrite, elle est généralement calculée en fonction de la constante de Henry et la concentration dans la phase liquide à la surface du sol. Pourtant, beaucoup de pesticides sont appliqués sur la plante, notamment les insecticides et les fongicides, mais également des herbicides au stade de post semis (2-3 feuilles). Par ailleurs, la disponibilité des pesticides pour la volatilisation à partir des feuilles est différente pour une même molécule qu’à partir des sols. Dans le cadre du PIREN Seine, les études menées jusqu’à présent sur le comportement des pesticides dans l’atmosphère concernaient leur transport à moyenne et longue distance et leurs retombées. Parallèlement, un modèle de transfert des pesticides vers les eaux de surface, PHYTODEL (Guigon-Moreau, 2006), avait pris en compte ces échanges sol-atmosphère. Afin de compléter ce travail, la volatilisation à partir des feuilles a été étudiée cette année. Le modèle SURFATM développé par l’INRA (E. Personne et al, 2009) a été récemment adapté afin de modéliser la volatilisation des pesticides après une application sur couvert végétal et testé à partir de résultats d’expérimentations menées à l'échelle de la parcelle.