Les antibiotiques dans les eaux de surface du bassin de la Seine : Suivi des molécules en station d'épuration

Auteur.e.s

F. Tamtam, B. LeBot, J. Eurin, F. Mercier, K. Tiphagne-Larcher, A. Desportes, R. Seux, M. Chevreuil

Université

LHE – EPHE, UMR Sisyphe 7619, UPMC, LERES - Ecole nationale de la Santé publique

DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2006.vol23

Les antibiotiques sont consommés en quantités très importantes en médecine humaine. Une proportion allant jusqu'à 8000 du principe actif peut être excrétée inchangée pour certaines molécules. Ces résidus d'antibiotiques sont ensuite rejetés dans les eaux usées. De nombreuses études ont montré que ces molécules étaient présentes dans les eaux usées blutes ou épurées (Golet et al., 2001• Andreozzi et al., 2003; Gros et al., 2006; Karthikeyan and Meyer, 2006; Vieno et al., 2006) et étaient plus ou moins dégradées ou retenues sur les boues urbaines selon leurs propriétés physico-chimiques. La valorisation de ces boues urbaines par épandage sur les sols agricoles pommait ainsi être à l'origine d'un risque d'infiltration d'antibiotiques vers les eaux souterraines ou de ruissellement vers les eaux de surface, au même titre que l'épandage des déchets des animaux d'élevage traités aux antibiotiques. La présence de ces molécules dans les eaux usées ou dans les effluents de station d'épuration, ainsi que dans les milieux récepteurs (Hilton and Thomas, 2003; Brown et al., 2006; Giger et al., 2003) est préoccupante, en raison de la toxicité directe de nombreuses molécules ou d'effets cumulatifs ou synergiques avec des composés pharmaceutiques (Pomati et al., 2006) ou d'autres classes de polluants. De plus, la présence d'antibiotiques pommait perturber les populations bactériennes intervenant dans le cycle des nutriments dans les eaux naturelles et être également à l'origine d'une diminution de l'efficacité des traitements biologiques en station d'épuration (Al-Ahmad et al., 1999; Costanzo et al., 2005). L'évaluation de telles perturbations se heurte à un manque de données concernant leur niveau de présence, en particulier en France, qui est pourtant le premier pays européen consommateur d'antibiotiques (Goossens et al., 2005). Cela souligne la nécessité de conduire de telles études permettant une meilleure caractérisation de la présence de ces molécules et de leur comportement dans I' environnement. La chromatographie liquide haute pression couplée à la spectrométrie de masse en tandem a été ici utilisée car elle contribue à une meilleure fiabilité de l'identification de ces composés et de leurs métabolites à très faibles niveaux de concentration. Le site d'étude, la station d'épuration du SIAAP de Marne Aval à Noisy-le Grand, a été choisi car elle possède un procédé de désinfection aux ultraviolets qui pourrait éventuellement contribuer à la dégradation de molécules d'antibiotiques.

fatima.tamtam@ccr.jussieu.fr