Pierre Servais, Stéphanie Duchateau et Sophie Reis
Ecologie des Systèmes Aquatiques, Université Libre de Bruxelles,
DOI
https://doi.org/10.26047/PIREN.rapp.ann.2006.vol24
La présence de microorganismes pathogènes d’origine fécale dans les eaux de surface pose d’importants problèmes sanitaires quand ces eaux sont utilisées pour la production d’eau potable, pour l’activité nautique ou l’irrigation. Les maladies infectieuses causées par ces bactéries sont traitées depuis de nombreuses années grâce à l’emploi d’antibiotiques. Cependant, l’usage croissant et massif d’antibiotiques a induit une certaine résistance des bactéries envers ces substances. En effet, les antibiotiques sont utilisés en médecine humaine mais également intensivement en médecine vétérinaire et ont aussi été utilisé comme compléments alimentaires dans l’élevage. On rencontre couramment des bactéries résistantes aux antibiotiques dans les milieux où les antibiotiques sont utilisés mais également dans divers environnements comme le milieu aquatique. La présence de bactéries pathogènes antibiorésistantes entraîne un risque sanitaire accru si les infections qu’ils causent ne sont pas guérissables grâce à un traitement aux antibiotiques. Ce travail s’est donc intéressé à la présence de bactéries fécales résistantes aux antibiotiques dans les eaux du bassin de la Seine. L’étude de ce phénomène a été réalisée en analysant la résistance aux antibiotiques de souches d’Escherichia coli isolées à partir d’échantillons d’eaux de rivière. En effet, cette espèce, appartenant au groupe des coliformes fécaux, est utilisée couramment comme indicateur de contamination fécale. On fait l’hypothèse que la présence de souches d’E. coli résistantes en milieu aquatique témoigne de la probabilité de présence de pathogènes d’origine fécale antibiorésistants. Différents milieux aquatiques, dont l’origine de la contamination fécale était connue ou du moins fortement présumée, ont également été échantillonnés afin de déterminer la source principale des bactéries fécales antibiorésistantes trouvées dans les rivières: eaux usées domestiques (E. coli d’origine humaine), eaux usées hospitalières (E. coli d’origine humaine, population massivement traitée aux antibiotiques), eaux de surface soumises au lessivage de terres agricoles (E. coli provenant d’animaux d’élevage) et enfin ruisseaux forestiers (E. coli provenant d’animaux sauvages non traités aux antibiotiques).