P. Cambier et J.-L. Colin
Science du Sol, INRA, LISA, Universités Paris 7 & Paris 12, UMR CNRS 7583
De nombreux travaux de recherche portent sur le devenir et les effets de métaux toxiques dans des agrosystèmes, contaminés localement par des sources telles que des installations industrielles ou des apports de déchets urbains. Les travaux sont moins courants sur les systèmes cultivés contaminés de manière diffuse et, lorsqu’il s’agit du mercure, ils deviennent extrêmement rares. Il existe pour cet élément davantage d’études portant sur les écosystèmes naturels (Porcella et al, 1995). Une raison au niveau des motivations en est que la voie majeure d’exposition des êtres humains aux contaminations diffuses en mercure ne passe pas par les végétaux mais plutôt par les produits de la pêche (CSHPF, 1996). Pourtant, la qualité des écosystèmes aquatiques est affectée dans de nombreux cas par les flux de particules et de substances dissoutes issues des sols agricoles (PIREN-Seine, 2002). Il est donc nécessaire de se poser la question du niveau de contamination en Hg des sols agricoles et de son évolution probable à long terme. Et il faut pour cela, avant de développer des modèles plus prédictifs, examiner la question des flux et des bilans. Il apparaît même assez rapidement que les rares études portant explicitement sur des bilans doivent être complétées par des données sur simplement les teneurs en Hg des principales phases entrant ou sortant des sols cultivés : intrants agricoles, produits récoltés, eau gravitaire. Après avoir cité quelques travaux portant explicitement sur les flux de Hg dans des systèmes cultivés, incluant entre autres les échanges entre l’atmosphère et le sol, nous nous focaliserons donc sur successivement les intrants, les produits récoltés, et l’eau libre du sol. La question des retombées atmosphériques est développée dans d’autres contributions à ce rapport (§ 4.1.3). Les transferts des sols agricoles vers les eaux de surface ou souterraines ne sont pas ici examinés ici, il s'agit avant tout d'éclairer la question de l'importance relative des termes du bilan de Hg à l'échelle de l'horizon cultivé.