Elisabeth Lehec
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
(en) Questioning post-networked urban services through cultural technology : home collective composting in Paris
Encadrée par : Sabine Barles
Lien vers la thèse : http://www.theses.fr/2018PA01H081
Résumé :
Cette thèse s'intéresse aux dispositifs de compostage de proximité en Île-de-France. Développés par les collectivités depuis le début des années 2000 en marge du service urbain traditionnel de collecte et de traitement des déchets, ils permettent de recycler les biodéchets en proximité, directement au pied des immeubles ou dans les quartiers; ils semblent ainsi permettre de transposer le service traditionnel en l'adaptant aux nouvelles exigences environnementales de réduction et de recyclage des flux de matières. La thèse part du constat que les usagers participants, toujours volontaires, semblent particulièrement investis dans le processus de compostage et que ce dernier paraît plus complexe que le tri sélectif. Elle propose alors de regarder le compostage de proximité non plus comme un dispositif de gestion de déchets mais comme une technique, au sens anthropologique du terme, c'est-à-dire une action socialisée par laquelle les habitants prennent en charge des matières, qu'ils transforment en l'occurrence en compost, mus par des objectifs potentiellement variés que cette recherche se propose justement d'explorer. La thèse montre d'abord que le compostage de proximité est davantage développé comme un outil de communication que comme une technique performante de gestion des déchets par les institutions étatiques et territoriales qui le mettent en œuvre, prisonnières d'un sentier technique hérité des services urbains traditionnels en réseau et qui contribue à rendre le compostage de proximité peu efficace. Après avoir décrit ces mécanismes conduisant à sa disqualification du champ des solutions techniques possibles à la gestion des biodéchets, la thèse propose une étude technologique des dispositifs du compostage en pied d'immeuble porté par la Ville de Paris : la construction de chaînes opératoires permet de retracer le processus technique du compostage en tenant compte des matières qu'il met en jeu (les biodéchets), des outils utilisés (les composteurs, des sécateurs, des fourches) et des acteurs mobilisés (les habitants au premier chef). Le processus technique s'avère relativement efficace d'un point de vue matériel, mais relève plus d'un nouveau loisir urbain que d'un dispositif de gestion des déchets : les habitants ne cherchent pas particulièrement l'efficacité technique du processus. Outil de communication pour les institutions, loisir pour les habitants, le compostage de proximité n'est une technique de gestion des déchets pour aucun des acteurs, malgré sa relative efficacité. La thèse défendue est alors que ce type de dispositif renforce, plus qu'il ne le remet en cause, le grand réseau technique traditionnel comme modèle unique de fourniture des services urbains que les institutions cherchent à transformer.
Mots-clefs : Services urbains, Métabolisme urbain, Technique, Déchets, Anthropologie, Déchets organiques, Recyclage, Déchets alimentaires, Anthropologie.